Le mythe DSK : le mariage de l'eau et du feu
Le mythe DSK : le mariage de l'eau et du feu
Elie Arié - Tribune | Dimanche 19 Juin 2011 à 17:01
L'affaire du Sofitel a changé la donne dans le jeu des primaires PS, et l'électorat socialiste doit choisir un candidat. Elie Arié s'interroge sur les raisons pour lesquelles DSK était le grand favori des sondages. Selon lui, il incarnait la mondialisation (un peu) socialiste.
La soudaine retraite forcée de DSK de la course à la présidentielle permet maintenant de comprendre, a posteriori, les raisons pour lesquelles les sondages le donnaient, de façon si incompréhensible, comme le grand favori de cette élection.
Quelles pouvaient être ces raisons ?
Il ne pouvait pas s’agir de son projet, dont il s’était bien gardé de préciser ne serait-ce que les grandes lignes ; bien au contraire, les rares indications qu’il avait laissé échapper ( le budget des États de l’Union européenne supervisé par la Commission de Bruxelles, « on peut bien travailler au-delà de 60 ans ») n’avaient rien de quoi séduire la majorité de l’électorat de gauche.
Pas davantage son image personnelle, car il ne cherchait nullement à dissimuler son immense fortune familiale ( riad de Marrakech, appartement place des Vosges, etc.), ne correspondant guère au profil-type du candidat du « peuple de gauche ».
Alors, s’il ne s’agissait ni du programme ni de l’ image, il ne reste qu’une explication : un mythe que les Français se sont forgés, et qui, comme tout mythe, venait répondre à un besoin auquel ils n’avaient pas de réponse rationnelle à apporter.
DSK, c’était à la fois :
-le directeur du FMI, donc l’homme pour lequel la mondialisation, qui nous laisse si désemparés, n’avait pas de secrets,
-mais aussi un « socialiste ».
Il représentait donc le mythe d’une impossible « mondialisation (un peu) socialiste », d’une « mondialisation (un peu) de gauche » , mariant l’eau et le feu : la conciliation d’une politique sociale (sinon socialiste) avec une mondialisation qui la condamne.
D’où son intérêt à en dire le moins possible, à des primaires de simple confirmation, à une campagne aussi courte que possible, pour le maintenir vivace ; le mythe n’aurait pu survivre à sa confrontation avec la réalité.
Et, aujourd’hui que le voilà disparu de la course, la dure et pénible réalité vient se rappeler furieusement à un électorat de gauche désemparé, brusquement tiré de son rêve, qui se voit sommé de choisir entre les propositions peu exaltantes de quelques dépenses sociales financées par une hausse importante de la fiscalité (Hollande) ou par une reprise de la croissance que rien n’annonce (Aubry), sans parler de la « démondialisation » (Montebourg) à laquelle personne ne croit, ni des mesures ponctuelles promises au jour le jour au gré des faits divers de l’actualité (Royal).
D’une certaine façon, sans doute faut-il se féliciter de la disparition de DSK de la course aux présidentielles (même si on aurait préféré que ce fût pour d’autres raisons) ; depuis 20 ans, la social-démocratie se trouve confrontée, partout en Europe, à une mondialisation qui la broie impitoyablement et la condamne à mener des politiques qu’on aurait qualifiées d’ultra-libérales dans les années 1970 ; la gauche a voulu échapper à ce cauchemar en se fabriquant, à travers l’ « homme providentiel » DSK, le mythe d’une « mondialisation de gauche » - une « mondialisation heureuse », comme dirait Alain Minc ; mythe qui serait venu se fracasser contre la réalité en cas de victoire de DSK.
Il est toujours préférable d’affronter la réalité, aussi déplaisante soit-elle ; et si les Français écoutaient ce que leur dit aujourd’hui Chevènement ?
Quelles pouvaient être ces raisons ?
Il ne pouvait pas s’agir de son projet, dont il s’était bien gardé de préciser ne serait-ce que les grandes lignes ; bien au contraire, les rares indications qu’il avait laissé échapper ( le budget des États de l’Union européenne supervisé par la Commission de Bruxelles, « on peut bien travailler au-delà de 60 ans ») n’avaient rien de quoi séduire la majorité de l’électorat de gauche.
Pas davantage son image personnelle, car il ne cherchait nullement à dissimuler son immense fortune familiale ( riad de Marrakech, appartement place des Vosges, etc.), ne correspondant guère au profil-type du candidat du « peuple de gauche ».
Alors, s’il ne s’agissait ni du programme ni de l’ image, il ne reste qu’une explication : un mythe que les Français se sont forgés, et qui, comme tout mythe, venait répondre à un besoin auquel ils n’avaient pas de réponse rationnelle à apporter.
DSK, c’était à la fois :
-le directeur du FMI, donc l’homme pour lequel la mondialisation, qui nous laisse si désemparés, n’avait pas de secrets,
-mais aussi un « socialiste ».
Il représentait donc le mythe d’une impossible « mondialisation (un peu) socialiste », d’une « mondialisation (un peu) de gauche » , mariant l’eau et le feu : la conciliation d’une politique sociale (sinon socialiste) avec une mondialisation qui la condamne.
D’où son intérêt à en dire le moins possible, à des primaires de simple confirmation, à une campagne aussi courte que possible, pour le maintenir vivace ; le mythe n’aurait pu survivre à sa confrontation avec la réalité.
Et, aujourd’hui que le voilà disparu de la course, la dure et pénible réalité vient se rappeler furieusement à un électorat de gauche désemparé, brusquement tiré de son rêve, qui se voit sommé de choisir entre les propositions peu exaltantes de quelques dépenses sociales financées par une hausse importante de la fiscalité (Hollande) ou par une reprise de la croissance que rien n’annonce (Aubry), sans parler de la « démondialisation » (Montebourg) à laquelle personne ne croit, ni des mesures ponctuelles promises au jour le jour au gré des faits divers de l’actualité (Royal).
D’une certaine façon, sans doute faut-il se féliciter de la disparition de DSK de la course aux présidentielles (même si on aurait préféré que ce fût pour d’autres raisons) ; depuis 20 ans, la social-démocratie se trouve confrontée, partout en Europe, à une mondialisation qui la broie impitoyablement et la condamne à mener des politiques qu’on aurait qualifiées d’ultra-libérales dans les années 1970 ; la gauche a voulu échapper à ce cauchemar en se fabriquant, à travers l’ « homme providentiel » DSK, le mythe d’une « mondialisation de gauche » - une « mondialisation heureuse », comme dirait Alain Minc ; mythe qui serait venu se fracasser contre la réalité en cas de victoire de DSK.
Il est toujours préférable d’affronter la réalité, aussi déplaisante soit-elle ; et si les Français écoutaient ce que leur dit aujourd’hui Chevènement ?