Hollande : demain j'enlève le haut !

Publié le par tutti 49

 

Gérald Andrieu - Marianne | Mardi 3 Janvier 2012 à 22:40


Changement de tactique du côté de François Hollande. Désormais, nous dit-on, le candidat socialiste passe à l’offensive et va parler, beaucoup parler. Mais pour dire quoi ? Ses premières interventions laissent entrevoir un François Hollande se transformant en derviche tourneur, ressassant jusqu’à la transe ses attaques contre le président sortant, multipliant les incantations, mais n’avançant pour l’heure aucune mesure nouvelle. Mais demain, c'est promis, il enlève le haut !

 

En avant, François Hollande. À l’attaque, le candidat socialiste. Hollande à l’offensive. Hollande le battant. Hollande partout et tout le temps. Dans Libération avec son « adresse aux Français »et sur le plateau du 20 heures de France 2, ce mardi. A Mérignac demain et bientôt en tournée dans tout le pays jusqu’aux Antilles. Hollande, c’est désormais Monsieur Plus. Plus de déplacements. Plus d’interventions. Plus de tout. Et qui sait, pourquoi pas, après demain, plus de plus !

En cette rentrée de janvier, la tactique du député corrézien est claire. Il a décidé de parler plus… Mais pour dire quoi ? Hollande en veut, c’est clair. Mais que veut-il ? Ça l’est beaucoup moins. Sortir Sarkozy ? Hollande, ce « c… molles » (fallait-il comprendre autre chose quand Martine Aubry le qualifiait de tenant de la « gauche molle » ?), cogne dur contre le président sortant. Et avec constance. Énormément de constance même. Au point que pour « démystifier », comme disent ses lieutenants, le bilan de Nicolas Sarkozy, il en vient à se plagier lui-même ! L’homme a de la rhétorique. Alors quand il tient une bonne phrase (sa marque de fabrique), il ne la lâche pas. Sa lettre aux Français, que contient-elle par exemple ? Des resucées de son discours d’investiture de la Halle Freyssinet. « J’entends déjà, écrit-il, les lieutenants paniqués de Nicolas Sarkozy prétendre que dans la tempête il ne serait pas sage de changer de capitaine. Ce qui prête à sourire quand le navire s’est échoué ». Et nous, nous entendons des mots déjà prononcés… le 22 octobre dernier !

La politique, c’est l’art de la répétition, diront ses soutiens. Au moins, lui fait preuve de constance, ajouteront-ils. « Dans sa lettre aux Français, François Mitterrand ne rentrait pas dans le détail des propositions, justifie d’ailleurs un de ses porte-parole, le député-maire de Cherbourg, Bernard Cazeneuve, C’est au Premier ministre, au gouvernement de le faire. C’est aussi ça la restauration de la fonction présidentielle ». Oui, mais il ne l’est pas encore, Président. Hollande, pour l’heure, est candidat. Le mieux placé dans les enquêtes d’opinion, certes, mais il n’est encore que l’« impétrant », comme disait l’autre, de la primaire organisée par le PS. Et il a donc décidé de parler plus… pour en dire toujours aussi peu. Car il faudra attendre « la fin du mois », a-t-il expliqué sur le plateau du JT de France 2, pour découvrir les mesures que contiendront sa « plateforme ». Comme dans la célèbre pub, demain, et seulement demain, Hollande « enlèvera le haut » ! D’ici là, devra-t-on se contenter de copiers-collers incessants ou, au mieux, d’incantations à base de « justice », d’« espérance », de « vérité » et de « volonté» ? François Hollande est-il contraint de se redire encore et encore et, à mesure que la conjoncture se dégrade, de se dédire ?

Interrogé par David Pujadas sur l’intervention du chef de l’Etat dans le dossier SeaFrance (que certains camarades socialistes semblent approuver), Hollande a répliqué que, comme à son habitude, Nicolas Sarkozy « a parlé, il n’a pas agi ». Autrement dit, François Hollande veut tordre le cou au mythe du candidat de la droite qui « dit ce qu’il fait et fait ce qu’il dit ». Mais en ce début d’année 2012, ce principe risque d’être revu et corrigé par les Français : François Hollande « ne dit pas ce qu’il va faire et défait ce qu’il avait dit ». Et la langue de bois en chêne massif façon armoire normande de nos aïeux dont usent certains de ses soutiens n’améliorera pas les choses. Comme lorsqu’un de ses proches en vient à expliquer que « la prudence excessive que l’on prête à Hollande réside dans sa profonde honnêteté » ! Mais certains hollandistes se montrent, heureusement, plus lucides : « Les Français ne sont pas déçus par lui. Tout comme ils ne sont pas encore enthousiasmés, analyse l’un d’entre eux, Pour ainsi dire, pour eux, Hollande doit faire ses preuves à l’examen et l’examen, ils le savent, c’est en avril. En attendant, il l’emporte au bénéfice du doute. » À moins que le doute ne finisse par devenir trop grand…

Publié dans Politique

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