Campagne présidentielle : mais à quoi joue François Hollande ?

Publié le par tutti 49

LE PLUS. Accord non respecté avec EELV, pas d'opposition claire au bilan de Nicolas Sarkozy pourtant contestable... Le candidat socialiste, qui perd un peu plus du terrain chaque jour, doit se ressaisir selon notre chroniqueur politique Diego San.

Diego San

> Par Diego San Donneur d'avis

Edité par Melissa Bounoua Auteur parrainé par Tristan Berteloot

On est en droit de se poser la question. Ses interventions de ces derniers jours me laissent en effet pour le moins perplexe, si ce n’est pantois. Le candidat socialiste, champion largement désigné par la primaire et qui devait surfer sur cette vague, me semble tout faire pour se retrouver à marée basse, debout sur une planche devenue inutile.

 

François Hollande lors d'une conférence de presse au salon de l'éducation à Paris le 27 novembre 2011 (F. DUFOUR/AFP)

François Hollande lors d'une conférence de presse au salon de l'éducation à Paris le 27 novembre 2011 (F. DUFOUR/AFP)

 

On l’attendait face à l’UMP, tapant sur Sarkozy et son bilan calamiteux, en particulier sur le plan économique (c’est monsieur 1000 chômeurs par jour, selon la formule qu’il serait bon de marteler méthodiquement). On le voit faire le coq face à ses partenaires verts, cherchant à démontrer qu’il a de l’autorité en piétinant l’accord passé avec eux, plutôt qu’en affrontant son adversaire direct.

 

Après le maladroit épisode nucléaire, voici qu’il s’affranchit de l’accord passé sur les questions internationales, et annonce que seules certaines des mesures figurant dans ce texte seront appliquées. Pourquoi dans ces conditions avoir validé cet accord ? Mystère. Et comme s’il ne suffisait pas de rouvrir ce front que l’accord était censé clore, laissant Eva Joly dans une posture bien inconfortable de candidate alternative pré-ralliée au PS, voici qu’il élargit encore davantage l’espace à sa gauche en draguant Bayrou et le MoDem dans un parfait contretemps.

 

En quoi est-ce le moment d’offrir au centriste d’entrer au gouvernement, alors qu’il vient tout juste d’annoncer sa propre candidature à la présidentielle ? Quel bénéfice peut-on espérer tirer de cette perche qui sera forcément rejetée par un candidat qui n’a strictement aucun intérêt à la saisir aujourd’hui ? Par un candidat qui dénonce urbi et orbi la dangerosité du programme socialiste ?

 

En une phrase, Hollande ouvre un boulevard à Mélenchon, qui a d’autant plus d’espace pour exister qu’Hollande se positionne au centre, rouvre des brèches au sein même du PS, et permet à Bayrou de renforcer sa position d’alternative. On marche sur la tête.

 

La cacophonie des négociations

 

Pendant ce temps, l’UMP avance avec l’efficacité redoutable qu’on est bien obligé de lui reconnaître. Elle tape inlassablement sur les mêmes clous, qui portent dans l’opinion, quoi qu’on en pense. Certains peuvent relever de l’escroquerie intellectuelle pure et simple (ah, "le rendez-vous du courage" qui nous est donné par ceux qui vont faire tout ce qu’ils n’ont pas fait, et on va voir ce qu’on va voir), d’autres du racolage hyperactif sur le trottoir de Marine Le Pen ("oui, il y a trop d’étrangers en France", "ciel, les socialistes veulent des maires étrangers, quelle horreur !"). Toujours est-il qu’ils constituent un discours audible et structuré sur des questions de fond, face à une cacophonie effrayante sur des questions de petits arrangements politiciens dont les Français, confrontés à la crise, n'ont que faire.

 

47% des Français trouvent que François Hollande fait une bonne campagne, nous dit aujourd’hui un sondage. Vous aurez compris que je ne suis pas de ceux-là. Et ce sondage ne doit certainement pas être considéré comme un bon résultat, pour plusieurs raisons :

 

- 19% des répondants sont sans opinion, ce qui sur une telle question revient à dire que la campagne n’est pas bonne, car elle est au mieux invisible, au pire illisible.

- Les français sont 2,5 fois plus nombreux à la trouver "très mauvaise" que "très bonne".

- 74% des sympathisants PS la trouvent bonne, alors qu’il devrait faire le plein sur cette cible, ce qui laisse bien peu d’adhésion chez les autres populations pour arriver à une moyenne globale de 47% (les chiffres ne sont malheureusement pas communiqués sur les autres proximités politiques).

 

Je suis d’avis qu’il faut d’urgence sortir du bois et parler du fond. Ramener Sarkozy et l’UMP à leur bilan, et mettre en face de chaque échec du pouvoir sortant des propositions alternatives crédibles, construites, et marquées du sceau de la volonté et de la décision d’un homme qui sait ce qu’il veut faire de et pour la France.

Publié dans Politique

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