Lagarde-Aubry

Publié le par tutti 49

Lagarde-Aubry : attention, une femme peut en cacher une autre

Philippe Cohen - Marianne | Jeudi 30 Juin 2011 à 05:01
Voilà des semaines que le staff de Martine Aubry préparait sa déclaration de candidature. Le chef du PS a été pris en sandwich médiatique entre la conférence de presse du président, la nomination de Christine Lagarde au FMI et la libération des otages.



En politique, plus le temps passe, plus l'agenda devient essentiel et sa maîtrise la priorité des acteurs. Ainsi de cette semaine qui devait être celle de Martine Aubry et qui est devenue, sur la scène médiatique, celle de Christine Lagarde. On savait depuis deux mois que Martine Aubry allait être candidate aux primaires du PS. On a vu, ces dernières semaines, se multiplier les ralliements qui nous préparaient à l'événement : Jean-Christophe Cambadélis, Laurent Fabius, BHL, Michel Destot, etc.
Sauf que, sauf que l'événement de cette déclaration de candidature était tellement prévisible qu'il laissait tout loisir à l'Élysée et à ses communicants d'organiser un contre-agenda pour limiter au maximum la durée d'exposition médiatique de la candidature Aubry.
Ce fut, lundi, la fonction de l'intervention du Président sur un sujet – le Grand Emprunt – important mais dont rien ne justifiait l'urgence. Cela a été le lendemain, peut-être par chance (on ose espérer que l'agenda du FMI n'est pas concocté à l'Elysée), la fonction de la nomination de Christine Lagarde à la tête du FMI. Ainsi la gauche a-t-elle été punie deux fois par le FMI. Une première fois lorsque DSK a été exfiltré de son avion en partance de New York pour la France. Et une deuxième fois lorsque, ayant conquis la présidence du FMI, Christine Lagarde a « zappé » Martine Aubry dans tous les médias dès mardi 28 juin : annoncée pour minuit, la nomination de Christine Lagarde a été rendue publique à 19h30 ; elle a fait l'ouverture du 20h de TF1. Avant de provoquer la une unique de Libération. Du Lagarde plein pot dans le quotidien de gauche.  Et hop, voilà Martine Aubry reléguée dans les pages intérieures du journal de gauche, merci Nicolas Demorand !


Lagarde-Aubry : attention, une femme peut en cacher une autre
L'après-midi même Christine Lagarde était applaudie à l'Assemblée nationale. Et le Sarkoboard pouvait fournir les éléments de langage utiles à ses snipers : voilà un président qui a su dénicher un talent féminin et le propulser au plus haut niveau de la gouvernance mondiale. Qu'importe si les nominations au FMI obéissent à de tout autres considérations (la crise grecque et européenne est en arrière fond de la nomination). Qu'importe si pour imposer la candidature Lagarde, l'Elysée a dû minimiser les risques juridiques liés à l'affaire Tapie et au scandaleux arbitrage de l'ex-ministre de l'Economie. Le président a dû, d'ailleurs, jubiler en prenant connaissance des messages de soutien à Lagarde de François Hollande et de Martine Aubry, après que le député PS Didier Migaud a, des mois durant, bataillé pour qu'une enquête soit menée sur le scandaleux arbitrage en faveur de Tapie.

Le staff de Martine Aubry n' a-t-il pas vu venir la contre programmation – ou la baraka – sarkozyste ? Ou bien, sûre de son fait et confiante en son destin de présidentiable, Martine Aubry a-t-elle écarté d'un geste ample le souci de ces basses manoeuvres ? Nous en percevrons bientôt les résultats.
Mais au final, le rasoir sarkozyste a fonctionné cette fois-ci comme un Gillette trois-lames : lundi, le discours présidentiel sur le Grand Emprunt pour occuper le terrain; mardi, la nomination de Lagarde; et mercredi, le buzz sur son remplacement (Baroin ou Le Maire ?), plus la libération des otages. Martine Aubry a eu son moment médiatique : une demi-douzaine d'heures tout au plus... Nul ne sait la trace que tout cela laissera dans ce qu'on appelle l'opinion. Mais au petit jeu de l'oie médiatique, le président  a laissé sur place son adversaire.

Publié dans Politique

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