Comment F. Hollande gâche ses chances
Comment François Hollande gâche ses chances
Publié le 17 novembre 2011 à 04h00
Mis à jour à 08h16
Editorial
A trop vouloir prouver, on finit par de rien prouver. Et c'est comme ça qu'avant même de commencer la campagne, on a déjà perdu la présidentielle. Après avoir été directement qualifié de «gauche molle» par Aubry, François Hollande voulait montrer qu'il pouvait dire non. D'où ces interminables négociations avec les Verts qui, hier, se sont conclues par un incident qui fait sacrément tâche. Un paragraphe sur le Mox (combustible obtenu en recyclant du plutonium issu des déchets de combustibles usagés), a été retiré du texte alors qu'il était présent dans l'accord signé entre Martine Aubry et Cécile Duflot.
Il s'agit d'un paragraphe parlant d'«une reconversion à emploi constant de la filière du retraitement et de fabrication du Mox et des moyens de stockage des différents types de déchets (...) en centres d'excellence du traitement des déchets et du démantèlement». Or cette mystérieuse disparition aurait lieu suite à diverses interventions du lobby nucléaire auprès de membres du BN du PS ! Areva a même fait savoir être directement intervenu auprès du PS.
A la sortie de la reunion, il y avait des silences génés, jusqu'à ce qu'un membre vende la mèche : «Nous avons tous reçu des textos en plein BN, nous demandant de retirer le texte. On n'a pas réussi à se mettre d'accord, donc on a retiré le paragraphe à la hussarde, après le vote...», a confirmé un secrétaire national, pour qui «il est bien d'être ferme avec les partenaires, mais il serait bien aussi de l'être avec les lobbies». C'est la phrase qui tue.
Et dire qu'en présentant sa nouvelle équipe de campagne, Moscovici avait expliqué essayer de tirer les leçons de leurs échecs. Ils avaient oublié un travers dénoncé la veille par Cohn-Bendit pour qui Hollande était en train de Ségoléniser. Les socialistes sont-ils en train d'offrir par défaut à Sarkozy cette victoire à laquelle 60 % des Français ne croient pas ? Car elle continue la série des bisbilles. Les maires de Paris et de Grenoble en appellent à l'arbitrage d'Hollande pour revenir sur deux accords qui laissent une circonscription à Cécile Duflot à Paris et à Philippe Meirieu à Grenoble.
Après le lobby nucléaire, celui des notables ! Mais que craignent-ils des élus écologistes ? Qu'ils votent mal ? Mais les alliés ne sont pas des affidés. Ah le beau temps des radicaux de gauche qui ne prenaient guère de place ! Tout cela montre qu'au fond les socialistes ne prennent pas au sérieux l'écologie et qu'ils en sont restés à leurs vieilles lunes et qu'il faudra tristement attendre encore cinq ans pour qu'une nouvelle génération la prenne en compte.
