On ne prépare pas une campagne deux mois avant les échéances

Publié le par tutti 49

Vendredi 15 juillet 2011 5 15 /07 /Juil /2011 18:44


 

 

SR

 

Deux thèmes principaux pour cette interview de Ségolène Royal sur France Info, en duplex de France Bleu La Rochelle : l’Afghanistan et les primaires, les "équipes de campagne" et "soutiens" fièrement dévoilés par Martine Aubry et François Hollande, et dont la presse fait ses choux gras. Un petit rappel a été également fait sur la différence, difficile à comprendre pour certains journalistes, entre les appareils des partis et les militants / sympathisants / Français :

« Nous ne sommes pas dans un congrès du Parti socialiste à organiser des troupes ou des petites armées d’élus locaux, qui d’ailleurs ne sont pas propriétaires des voix des citoyens. »

Les autres thèmes traités ont été celui du défilé du 14 juillet, évoqué hier par Eva Joly, et des valeurs républicaines ; celui de la crise actuelle de l’Europe et de la Grèce, auxquels Ségolène Royal oppose les Etats-Unis d’Europe et la création d’ « un ministère de la Relance économique et des grands chantiers » franco-allemand ; et celui de la nécessaire réforme bancaire pour relancer l’économie.

Sur l’Afghanistan, Ségolène Royal, récemment attaquée par Yves Thréard du Figaro, a remis les pendules à l’heure sur France Info après l’avoir fait sur son blog :

« Il fallait y aller en 2001, puisque nous étions après l’attentat effroyable du 11 septembre 2001, mais je rappelle qu’en avril 2007, pendant la campagne présidentielle, Nicolas Sarkozy s’était prononcé pour un retrait, après l’élection il change d’avis et renforce la présence française à la demande de George Bush, cela sans débat parlementaire. […] Les socialistes n’ont pas été entendus à ce moment-là, nous avons à nouveau demandé en septembre 2008 un calendrier de retrait, devant la situation d’enlisement et devant l’absence de protection de nos soldats, nous n’avons pas été entendus à ce moment-là. »

Ségolène Royal  
Afghanistan : je m’étais prononcée pour un retrait des troupes en septembre 2008 ... 

Il y a 1 heure via web


Sur les primaires, après avoir rappelé, inlassablement, que tout électeur pouvait y participer, et énuméré les vérités du titre quand on lui posait la question : « On voit Martine Aubry, là, qui a présenté son équipe de campagne, avec des élus de poids dans son équipe, François Hollande a fait la même chose, et vous ? », Ségolène Royal a rappelé que son équipe de campagne, à elle travaillait depuis 4 ans, que ses soutiens, c’étaient les Français, notamment ceux venus en masse depuis 4 ans à ses Universités Populaires :

« 17 Université Populaires qui ont rassemblé à chaque fois 500 à 600 personnes sur des thèmes structurants très importants pour l’avenir de la France et qui ont rassemblé une centaine d’experts de toutes natures, pas seulement des notables locaux ».

Par ailleurs, elle a remarqué à juste titre sur les soutiens fièrement mis en avant :

« Dans les soutiens que vous évoquez, je ne vois pas beaucoup, ni de femmes, alors que nous avons imposé la parité, je ne vois pas beaucoup de jeunes, je ne vois pas beaucoup de Français issus de l’immigration, je ne vois pas d’ouvrier, je ne vois pas d’employé, je  ne vois pas de chef d’entreprise. Moi c’est tous ceux-là que j’ai envie de rassembler, parce que la France est forte de sa diversité et de sa créativité. »

Frédérick Moulin

 

Ségolène Royal était l'invitée de franceinfo... par eric3362

 

 

Transcription par Militants de l’Espoir À Gauche avec Ségolène Royal / F.M.

Célyne Bayt-Darcourt : la présidente de la Région Poitou-Charentes, candidate à la primaire socialiste, est l’invitée de France Info ce matin, bonjour Ségolène Royal.

Ségolène Royal : bonjour.

Célyne Bayt-Darcourt : 6 de nos soldats sont morts en Afghanistan ces 2 derniers jours, cela porte à 70 le nombre de tués [militaires français, NdlR] dans ce pays depuis 2001. François Fillon dit qu’ils ne sont pas morts pour rien, qu’ils sont morts pour la paix, qu’en pensez-vous ?

Ségolène Royal : je pense qu’il est difficile en effet pour lui de reconnaître l’erreur que consiste le maintien de nos troupes en Afghanistan. Je voudrais d’abord moi rendre hommage bien sûr, mais aussi témoigner de mes condoléances très attristées aux familles des soldats qui viennent d’être tués, en particulier de Benjamin Bourdet, qui avait 30 ans, qui vient de mourir, dont la famille est d’ici, hein, de l’île de Ré, et ce que j’observe, ce que les Français entendent, c’est qu’il a fallu attendre 70 soldats tués pour avoir l’envoi d’une mission pour renforcer leur sécurité.

Or voilà plusieurs années que les socialistes demandent non seulement un débat parlementaire, ce que nous avions fait dès le mois de mars 2008 quand Nicolas Sarkozy a décidé d’envoyer 700 soldats supplémentaires en Afghanistan en cédant à la demande de George Bush. Les socialistes n’ont pas été entendus à ce moment-là, nous avons à nouveau demandé en septembre 2008 un calendrier de retrait, devant la situation d’enlisement et devant l’absence de protection de nos soldats, nous n’avons pas été entendus à ce moment-là.

Il est évident que s’il y avait eu à l’époque un débat parlementaire puis une décision de calendrier et de retrait, aujourd’hui les troupes françaises ne seraient plus en Afghanistan.

Célyne Bayt-Darcourt : il ne fallait pas renforcer nos troupes en Afghanistan, ou il ne fallait pas y aller dès 2001, Ségolène Royal ?

Ségolène Royal : il fallait y aller en 2001, puisque nous étions après l’attentat effroyable du 11 septembre 2001, mais je rappelle qu’en avril 2007, pendant la campagne présidentielle, Nicolas Sarkozy s’était prononcé pour un retrait, après l’élection il change d’avis et renforce la présence française à la demande de George Bush, cela sans débat parlementaire, alors que chacun voyait, et en privé les officiers militaires avec lesquels moi j’étais en contact soulignaient à la fois l’incapacité pour nos forces d’évoluer sur un terrain très difficile, les risques d’enlisement, et surtout l’absence de protection efficace dans un pays où il est pratiquement impossible de protéger nos soldats, compte tenu en plus des formes de guérilla et du terrorisme.

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 Donc il faut se rendre aujourd’hui à l‘évidence, cette politique a été très, très mal conduite, elle a été décidée sous la pression de l’administration Bush. Aujourd’hui, Nicolas Sarkozy a lancé un calendrier de retrait, mais qui est très long, puisqu’il va s’étendre jusqu’en 2014, alors que nous aurions pu anticiper la décision de Barack Obama.

Et malheureusement force est de constater que si Barack Obama n’avait pas décidé un calendrier de retrait, nous y serions encore, dans une espèce d’obstination aveugle alors que l’on voit bien qu’au bout de 700 soldats [étrangers en 2010, NdlR] qui ont péri, qui ont donné leur vie, pour un objectif qu’on ne connaît pas, finalement, et qui n’a absolument rien changé sur le terrain, on voit bien que les politiques diplomatiques et les politiques de présence de nos armées doivent faire preuve de beaucoup plus de discernement et de réalisme.

Célyne Bayt-Darcourt : mais la présence des alliés en Afghanistan a peut-être contribué à intercepter Ben Laden, non ?

Ségolène Royal : vraiment, je crois qu’on ne le sait pas, et de toute façon, aujourd’hui, il y avait déjà une situation, il y a une situation nouvelle, qui permet d’accélérer le retrait, et je le répète, en mars 2008, il n’y avait aucune raison de renforcer la présence de nos soldats, et cela, dans une démocratie, sans débat parlementaire !

Donc il faut à la fois de la transparence, du réalisme et du sérieux quand il s’agit d’envoyer nos soldats au front et quand il s’agit de leur faire prendre un risque pour leur vie ?

Célyne Bayt-Darcourt : Ségolène Royal, faut-il supprimer le défilé du 14 juillet, comme le souhaite Eva Joly ?

Ségolène Royal : vous savez, je pense qu’il y a des sujets plus urgents que ceux-là, et toute forme de polémique sur les rites de la République ne sont pas souhaitables. Je maintiendrai, en tout cas, en ce qui me concerne, le 14 juillet, le défilé militaire. Il me semble normal, au moins une journée par an, que l’on puisse rendre hommage à nos forces armées, et je crois que ce serait une très mauvaise idée que de remettre en cause nos traditions, qui sont structurantes.

Les enfants doivent apprendre très tôt aussi quelles sont les institutions de la République. Le 14 juillet, c’est notre fête nationale, c’est la fête de la République, de nos 3 valeurs, la Liberté, l’Egalité, la Fraternité, et n’oublions jamais, et les anciennes générations sont là pour nous le rappeler, que si nous sommes un peuple libre, c’est parce que justement des hommes, et des femmes d’ailleurs, ont donné leur vie pour que nous soyons libres

Célyne Bayt-Darcourt : alors parlons de la primaire socialiste, Ségolène Royal. Est-ce que vous pensez que vous pouvez gagner sans avoir des poids lourds derrière vous ?

Ségolène Royal : mais de quoi parlez-vous ?

Célyne Bayt-Darcourt : alors on voit Martine Aubry, là, qui a présenté son équipe de campagne, avec, euh, des élus de poids, hein, euh, dans son, dans son équipe, François Hollande a fait la même chose, et vous ?

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 Ségolène Royal : vous savez, je crois qu’on ne prépare pas une campagne présidentielle, notamment une campagne des primaires, puisque ce sont les Français qui vont venir choisir le candidat de la gauche, on ne prépare pas cela 2 mois avant les échéances.

Je suis au travail depuis 4 ans, avec une équipe de campagne qui est en place depuis 4 ans, j’ai organisé à travers le pays toute une série d’Universités Populaires pour que les Français soient associés à l’émergence du projet que je présenterai aux Français, j’ai fait de nombreux déplacements à l’étranger, une trentaine, puisque grâce à la campagne présidentielle de 2007 et à cette expérience, je suis connue et respectée dans le monde entier avec une très forte visibilité, donc ça m’a permis aussi de comparer le modèle français à d’autres réalisations qui marchent et qui fonctionnent dans d’autres pays, donc j’en rendrai compte.

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J’ai organisé 17 Université Populaires qui ont rassemblé à chaque fois 500 à 600 personnes sur des thèmes structurants très importants pour l’avenir de la France et qui ont rassemblé une centaine d’experts de toutes natures, pas seulement des notables locaux, comme vous venez de le dire, je crois que nous ne sommes pas dans un congrès du Parti socialiste à organiser des troupes ou des petites armées d’élus locaux, qui d’ailleurs ne sont pas propriétaires des voix des citoyens, mais au contraire il f….

Célyne Bayt-Darcourt, lui coupant la parole : non mais le soutien, le soutien du Parti socialiste, c’est ce qui vous a manqué en 2007.

Ségolène Royal : le soutien de l’appareil, en effet, du Parti socialiste m’a manqué en 2007, et malgré cela, j’ai obtenu 17 millions de voix et j’étais présente au second tour de l’élection présidentielle, ce qui n’avait pas été le cas en 2002, avec le soutien du Parti socialiste en 2002.

Donc vous voyez, le soutien d’un appareil ne suffit pas, la preuve, si l’on compare 2002 et 2007 ; il est nécessaire, et là il ne manquera pas, puisque celui ou celle qui sera désigné, j’espère être celle-là, rassemblera l’ensemble des hommes et des femmes, pas seulement des élus, mais de tous les Français.

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 Moi j’appelle les Français à venir voter massivement le 9 octobre prochain. Je rappelle, parce que beaucoup de gens me posent la question, qu’il n’y a pas besoin d’être adhérent du Parti socialiste pour venir voter, tous ceux qui sont inscrits sur les listes électorales viennent, avec leur carte d’identité (en chœur avec Célyne Bayt-Darcourtqui dit : « et ») avec un euro, et vont choisir cette candidate, que j’espère être, pour redresser la France et pour rassembler les Français dans leur diversité.

Car dans les soutiens que vous évoquez, je ne vois pas beaucoup, ni de femmes, alors que nous avons imposé la parité, je ne vois pas beaucoup de jeunes, je ne vois pas beaucoup de Français issus de l’immigration, je ne vois pas d’ouvrier, je ne vois pas d’employé, je  ne vois pas de chef d’entreprise. Moi c’est tous ceux-là que j’ai envie de rassembler, parce que la France est forte de sa diversité et de sa créativité.

Célyne Bayt-Darcourt : une dernière question sur la crise de la dette, Ségolène Royal, la Grèce attend d’urgence un deuxième plan d’aide, et on voit les Européens incapable de se mettre d’accord, même sur la tenue d’une réunion. Que vous inspire ce spectacle, cette mésentente ?

Ségolène Royal : la situation est extrêmement grave et les dissensions européennes sont très, très préoccupantes. J’ai proposé que l’on puisse structurer ce que j’appelle les Etats-Unis d’Europe, c’est-à-dire des Etats qui sont capables de converger vers des actions de relance économique, puisqu’on voit bien que le remède de cheval qui est imposé à la Grèce ne marche pas.

Autrement dit, les réductions draconiennes de dépenses, notamment celles qui relèvent du service public ou du pouvoir d’achat ne font que creuser la crise et que creuser la dette, et la solution pour sortir de l’ornière, c’est la relance de la politique économique, c‘est du pouvoir donné aux petites et moyennes entreprises innovantes, c’est la mutation dans la croissance verte, il y a donc des solutions pour peu que l’on rassemble les forces créatives, et non pas l’inverse.

Comment faire pour mettre en avant les forces créatives, il faut faire en sorte que les…

Célyne Bayt-Darcourt, lui coupant la parole : en quelques mots, s’il vous plait Ségolène Royal.

Ségolène Royal : eh bien il faut faire la réforme bancaire, mille fois promise, et jamais réalisée, c’est-à-dire faire en sorte qu’au sein du système bancaire on puisse déconnecter les actions spéculatives des actions de prêt à l’économie réelle, il faut mettre la finance au service de l’économie, au service des entreprises, et les entreprises au service du bien-être et de la distribution de pouvoir d’achat. C’est comme cela que l’on sort de la crise, et moi je souhaite qu’il y ait une initiative franco-allemande pour mettre en commun, pour créer en commun un ministère de la Relance économique et des grands chantiers.

Célyne Bayt-Darcourt : merci d’avoir été avec nous en direct, ce matin, Ségolène Royal, en duplex de France Bleu à La Rochelle.

Publié dans Ségolène Royal

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