Le défi de la culture

Publié le par tutti 49

Lundi 13 juin 2011 1 13 /06 /Juin /2011 12:57


Le défi de la culture

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Grâce à une école publique de qualité la France a longtemps joué un rôle de premier plan dans le domaine culturel et économique.


Aujourd’hui notre système éducatif est un champ de ruines, à la traine des autres pays européens, sans parler des pays émergents qui investissent massivement dans la culture, dopés par les nouvelles technologies. La situation catastrophique de l’école ne garantit plus non seulement la transmission du savoir mais est la cause principale de la stagnation de notre société.


Or, Il est impossible d’envisager une quelconque dynamique sociale sans citoyens maitrisant les connaissances. A une époque de profondes mutations, le savoir dispensé par une éducation de qualité est le facteur incontournable d’une réussite économique.


Nous avons les moyens d’investir dans le système éducatif et culturel nous sommes riches en ressources naturelles et en matière grise. Ségolène Royal l’a bien compris qui donne la priorité absolue à l’Education et à la Culture dans son programme présidentiel.

 


Le désastre de l’école coûte infiniment plus cher que l’investissement dans une éducation rénovée qui de toute façon serait largement compensé par une économie revigorée dont la société toute entière se partagerait les bénéfices.


Aujourd’hui notre société est minée par la violence d’adolescents et de jeunes adultes à qui l’école n’a pas appris les mots pour échanger, se socialiser, travailler, remplir son rôle de citoyen. Ils sont désœuvrés, sans perspectives. L’école a failli à sa mission en n’assurant pas l’accès au savoir et à la culture de nombre de nos concitoyens, lâchant dans la société des êtres humiliés en situation d’échec, peu aptes à dynamiser une société à une époque de mutation technologique sans précédent.


Ceux qui ont trouvé un emploi sont souvent démunis pour comprendre des instructions simples dans le cadre de leur vie professionnelle comme en témoignent de nombreux dysfonctionnements qu’on explique par une succession d’incidents mais qui en réalité relèvent d’un manque de compréhension ou d’attention dûs à une scolarisation précaire. Ces actes sont trop nombreux actuellement pour être simplement fortuits. La stagnation d’un système éducatif périmé creuse un peu plus l’enlisement social où une jeunesse désemparée, en proie au chômage vit mal son présent et n’envisage pas l’avenir.

 


Les responsabilités sont multiples, contradictoires , pas toujours là où on les attend, mais aucun candidat n’a, comme Ségolène Royal, pris conscience que la rénovation de la culture et de l’éducation sont aujourd’hui l’urgence absolue pour sortir la France du déclin.


Un ministre ignorant attribue aux enfants immigrés le plongeon abyssal de l’école. Il ignore sans doute que dans des banlieues dévastées, sans école publique digne de ce nom, des parents venus d’ailleurs , moins incultes que lui, se saignent pour offrir à leurs enfants un enseignement de qualité dans des écoles privées dont certaines mettent en pratique ce que tout parent, tout citoyen souhaiterait voir fonctionner dans l’école publique : des enseignants exigeants, un environnement adulte attentif , donnant à l’élève des repères pour lui apprendre à penser par lui-même.


Ces enfants, si le déclin de la France est enrayé (et il le sera) appartiendront à l’élite républicaine, parce qu’ils auront acquis non seulement le savoir mais la conscience de la diversité des parcours et des origines.

 


Personne n’a jusqu’à présent été en mesure de promouvoir une refonte complète de l’éducation et de la culture faute d’entente entre les féodalités rivales qui paralysent ce secteur.


Lionel Jospin , homme de culture, a perdu les élections pour avoir méconnu que la violence est intrinsèquement liée à l’éducation et la culture. Le phénomène a été aggravé par le choix, pour l’Education, d’un ministre calamiteux, bouffi de certitudes et de mépris, astrologue de la science qui aurait pu inventer « il pleut toujours où c’est mouillé » titre d’un joli film oublié.


Jack Lang et Chevènement deux ministres de convictions ne redoutant pas l’obstacle, n’ont pu proposer que de timides réformes. Lorsque Jean-Pierre Chevènement a utilisé le terme affectueux de « sauvageons » pour qualifier les petits chiens fous de l’école il s’est fait huer même par des gens de son camp, militants assidus de l’école publique où ils se gardent pourtant de mettre leur progéniture, éduquée dans de prestigieux établissements sous contrat.


S’est alors substitué le terme « gamin » autrement plus injurieux pour désigner les élèves, ces citoyens en apprentissage. Ça fait gentil, ça fait peuple, c’est magique, on ferme les yeux sur les problèmes de l’école, son manquement à la fonction éducative et les ravages de la violence.

 


Depuis 1995 les ministres successifs ne cessent par des mesures répressives, des coupes de budget drastiques, de paralyser un peu plus chaque jour le levier essentiel de la société contribuant méthodiquement au déclin du pays.


Les actuels dirigeants, au pouvoir depuis cinq ans, ont été incapables de proposer des politiques qui sortent la France de la torpeur économique et de la violence. L’animal politique à la tête de l’Etat gouverne sans objectif, par manipulations successives, selon l’intensité des rumeurs. Stratège avant tout, il ne prévoit que le court terme, selon la météo sondagière qui comme chacun sait est la proie de variations aussi brusques que complètes.


On exige aujourd’hui des élus, qu’ils soient compétents, qu’ils allient expérience et savoir et obtiennent des résultats.


Ségolène Royal est une élue qui a fait ses preuves comme ministre, députée et présidente de région. Réélue grâce à ses seuls résultats qu’elle doit à sa ténacité mais aussi à sa capacité de rassembler des compétences venues d’horizons divers. Parce qu’elle est formée à l’école de la vie et de la République, qu’elle l’expérimente dans sa région, Ségolène Royal sait que seules l’éducation et la culture permettent de combattre les inégalités et d’assurer à tous les enfants vivant en France, quelle que soit leur origine, un savoir de qualité.

 


Ce n’est pas seulement l’école qui est sinistrée, c’est aussi la pratique politique, reflet d’une culture en déliquescence.


On sonde, on ne débat plus. Les idées, la réflexion semblent avoir déserté les lieux qui d’ordinaire y sont consacrés. On sonde, on ne pense pas.


On sonde l’électeur testé au scanner, inondant la presse de calculs sophistiqués , évacuant le débat politique oubliant que l’électeur ne choisit pas forcément un candidat parce qu’il est sympathique, sait hypnotiser les foules (on dit alors qu’il est bon orateur) que sa coiffure ou sa cravate lui vont bien. Faisant fi de son programme, on le sonde, on lui attribue une note, décide qu’il est favori ou a la traine, voire carrément exclu.


Il faut doper l’audimat, rendre le téléspectateur toujours plus accro à toujours plus d’infos, de scoops, croustillants si possible, sans trop se soucier de l’information véritable renvoyant un reflet totalement décalé de la réalité mais un reflet fidèle de la diffusion massive d’une culture exsangue.


Même les journaux traditionnellement fiables et bien informés se laissent emporter par la vague sondagière.


Nombre de jeunes journalistes, fils et filles de, naufragés de leur scolarité, rejetons de parents qui n’ont pas eu le temps de les élever, font leurs classes dans les media où ils sont entrés par piston.


Redevables de leur situation à des faveurs, ils cultivent la servilité tous azimuts : ils obéissent et écrivent ce qu’on leur dit d’écrire, satisfaits de cette passivité intellectuelle qui leur dicte questions et réponses, préférant le ragot à l’information qui nécessite temps et réflexion.


Ils sont l’autre face d’un système éducatif en fin de course. Issus de milieux favorisés, ils gangrènent de leur élégante inculture media journalistiques et télés. La réalité leur échappe totalement. Ils ne savent qu’imiter, qui se dit aussi « singer » un terme qui nous renvoie à des temps très lointains, d’avant l’histoire, d’avant les mots.


Ce type d’information qui atteint son niveau d’incompétence est de plus en plus concurrencé par les réseaux sociaux, où l’info, grande et petite, rapide et fiable, circule librement.


Une réflexion paresseuse assigne à la culture un supplément d’âme pour classes populaires, secteur peu rentable, secondaire, déconnecté de la vie économique, alors qu’il en est le cœur même, car aux connaissances acquises à l’école s’ajoutent les plaisirs inutiles dont ceux de la culture indispensables pour enchanter la vie.


Or dans la foulée des économies publiques les budgets culturels, subissent eux aussi des coupes drastiques.


En l’absence d’activités culturelles, d’éducation, de travail ou de moyens financiers la télévision apporte un dérivatif gratuit, disponible en permanence pour enrayer l’ennui. La télé transmet tout, le meilleur et le pire. A jet continu elle génère passivité et sentiment d’enfermement. Par l’isolement social qu’elle induit, elle favorise la déprime d’autant plus qu’une télévision populiste renvoie par ses films et reportages une vision du malheur et de la fatalité qui plombe toute ambition. Fiction ou réalité, la frontière est si peu étanche qu’on confond volontiers la représentation de la vie et la vie elle-même.

 


Si le pain et les jeux sont indispensables faisons en sorte que le pain soit bon et les jeux de qualité. Une culture vivante , génératrice d’échanges dans une économie rénovée par un mode de développement renouvelé, moins mondialiste, plus humain, donnera les moyens de développer des activités culturelles créatrices d’emploi et d’encourager les pratiques amateur dans les domaines artistique et sportif. Une pratique amateur aurait l’avantage supplémentaire de démontrer que derrière les paillettes il y a le travail, un plaisir à réhabiliter, et que sans travail il n’y a pas de démocratie.

 


Une école rénovée, une culture vivante, jettera aux oubliettes l’assistance, cette attitude compassionnelle archaïque comme dans les temps féodaux on pratiquait l’aumône. L’échange, qui responsabilise, y suppléera. Un système d’éducation adapté verrait sans doute la promotion d’une éthique de comportement, refusant naturellement les langages indécents, les images dégradantes des femmes dans l’espace public et les comportements masculins immatures et violents.

 


Empruntons au théâtre cette invitation lancée par Shakespeare à la fin du XVIe siècle : « Make your imaginary forces work » Faites travailler votre imagination, écrit-il en prélude à « Henry V ».

Faisons un rêve : que tous les partis qui aspirent à une France réconciliée avec ses principes républicains, s’appuyant sur des citoyens responsables s’unissent autour de la seule personne, qui allie aujourd’hui compétence et expérience pour promouvoir une société plus dynamique, plus intelligente, plus juste. Les rêves s’ils se nourrissent de réalité, se réalisent parfois et comme « nous sommes nous-mêmes la matière de nos rêves » faisons en sorte que celui d’une France réenchantée se réalise.

 

Claudine Stora

Publié dans Société

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