La force tranquille de Ségolène Royal
La force tranquille de Ségolène Royal
J’ai suivi de nombreux meetings avec Ségolène Royal et à chaque fois je retrouve un public en liesse. Il y a toujours une spontanéité remarquable, de la joie, une chaleur communicative qui appelle à y revenir et à suivre le parcours si singulier de cette femme hors du commun. Je crois savoir que cette force militante indéniable n’est pas la même pour les autres personnalités du parti socialiste quand ils sont en meeting. De toute évidence elle présage d’autres grands moments comme l’a fait remarquer Jean-Louis Bianco.
Dimanche 8 mai, François Mitterrand était spécialement présent. D’abord par les nombreux hommages rendus, par le rappel de ce qu’il a laissé à la France, son empreinte particulière et qui dépassait « l’homme d’un clan », tout le contraire du président actuel. Il était aussi présent par la force de l’esprit: « Je crois aux forces de l’esprit et je ne vous quitterai pas. » avait-il dit un jour. En effet, hier cette force de l’esprit était perceptible et communicative grâce à l’intervention de chacun, pour la plus part dépositaires de sa mémoire comme Jean-Louis Bianco, Charles Fiterman, Yvette Roudy et Pierre Bergé qui a ajouté une phrase chargée de sens: « J’ai beaucoup connu François Mitterrand et je peux dire que Ségolène est sa véritable héritière ».
Le ton était donné, la campagne pour la présidentielle au-delà les primaires était lancée. Pierre Bergé dans son très beau discours a établi clairement la filiation entre François Mitterrand et Ségolène Royal en disant cette autre phrase: « C’est pour ça que je crois pouvoir dire que le vrai successeur de François Mitterrand s‘appelle Ségolène Royal. »
Ségolène Royal dans son intervention a dit beaucoup de choses importantes qui seront reprises ailleurs, enfin sur internet, car il ne faut pas trop compter sur la presse. Je voudrais seulement dire ici mon impression du moment sur cette après-midi là qui était pour moi le véritable lancement de la campagne électorale de Ségolène Royal. D’abord, j’ai pu constater un formidable travail d’une équipe solide, fidèle à tous égards, même si elle n’est pas importante en nombre (les véritables amis ne sont jamais très nombreux) J’ai aussi pu constater un changement profond de Ségolène Royal, je ne veux pas dire qu’elle avait à changer, mais ce qu’elle irradiait par son charisme (qu’elle a toujours) s’est transformé en une grande sérénité et force. A l’exemple de François Mitterrand qui voulait donner du temps au temps, elle démontre que le temps oeuvre toujours pour le meilleur d’une personne et donne des fruits s’il y a un travail personnel et soutenu. C’est si décalé dans un monde où l’on n’a jamais le temps de rien, où tout va si vite, elle en a elle-même fait la remarque dans son discours, et par rapport à Nicolas Sarkozy. Tout est là justement et qui fait sa grande force: le temps qu’elle s’est donné pour se faire, qui a demandé de la patience, du courage, un travail assidu, ce temps c’est aussi son destin qui la pousse sans cesse à continuer alors qu’elle aurait pu s’arrêter ou se rallier à d’autres, aller au plus facile, au plus rapide. C’est en cela que l’on reconnaît les « grands hommes ».
« François Mitterrand n’était affilié à aucun camp, à aucun clan, à aucun mouvement, et, tout juste au Parti socialiste […] il avait dépassé tout cela. Propos de Pierre Bergé qui vont sans doute déplaire à quelques uns, c’est aussi un retour à l’envoyeur en quelque sorte, à ceux qui ont écarté Ségolène Royal et qui n’ont toujours pas compris qu’elle n’était pas « la femme d’un clan »; elle a dépassé tout cela depuis longtemps.