Pour Aubry, le projet doit s'imposer au candidat
Afin d'éviter les affrontements, la première secrétaire du PS achève un projet validé par chaque présidentiable. Les idées d'abord, le candidat ensuite. Si ça marche, une vraie révolution !
Un seul exemple : la sécurité, qui vient de faire l'objet d'un petit livre (1) de 128 pages ! Début avril, le bureau et les militants se prononceront sur l'ensemble du projet : « Pas un seul candidat ne peut se permettre de ne pas s'appuyer sur cet immense travail », expliquait, hier matin, Martine Aubry.
Le programme d'abord, le candidat ensuite : c'est ce que confirme Marylise Lebranchu : « Si le vote du programme est massif, le candidat sera lié par un texte. » Celui en préparation « a quelque chose de Martine Aubry », ajoute la députée du Finistère, comme si la patronne du PS était candidate à la primaire sans vouloir le dire. Comme si la primaire « était autant une démarche d'adhésion des militants que de sélection d'un candidat. »
Le PS ne peut pas bricoler
En tout cas, c'est la même Martine Aubry qui préface un autre ouvrage important (2), puisque cinquante chercheurs et experts, pas tous d'accord avec elle, y ont collaboré et qu'il sert de base analytique au projet.
« Dans le passé, dit la maire de Lille, on a échoué parce qu'on a replâtré. » C'est toute la difficulté : vu l'état du pays, le PS ne peut pas bricoler. Vu l'état des finances, il ne peut pas promettre l'intenable. « Il ne suffira pas d'avoir trois slogans simplistes ni de répondre aux petites phrases, dit encore la première secrétaire. Il faudra des moyens, certes, mais surtout un échelonnement de réponses. Par exemple, en matière de sécurité, on va de l'aide à la parentalité à la sanction. »
Le projet PS veut concilier l'ur-gence et le long terme : 1) « Redresser la France ». Un collectif budgétaire est déjà en préparation en cas de victoire. 2) Encourager l'épanouis-sement individuel en développant « justice et respect ». Martine Aubry ne cesse de parler « d'attention aux autres », de « mieux vivre ensemble ». 3) Reconstruire une République « affaissée » à travers une « mobilisation de toute la société ».
On est très loin du socialisme quantitatif des années 1980.